Pistacia atlantica
A small tree for Mediterranean gardens, perfectly equipped for climate change
Un petit arbre parfaitement armé pour le changement climatique, près de la Méditerranée
Click on the images to enlarge them / Cliquez sur les images pour les agrandir
What gardener in the dry south of France hasn’t dreamt of a tree that wasn’t too tall, was very green and stayed that way all summer without watering? If this hadn’t been something you’d been dreaming about, the summer of 2022, the drought of 2022-23, its consequences for wild flora and gardens, and the strict watering restrictions, will no doubt have you thinking about it from now on.
Quel jardinier du Midi sec, n’a pas rêvé d’un arbre pas trop grand, bien vert et le restant, tout l’été, sans arrosage ? Si ce n’était pas votre rêve, l’été 2022, la sécheresse 2022-2023, ses conséquences sur la flore sauvage et les jardins ainsi que les restrictions strictes d’arrosage vous amèneront sans doute à y penser désormais.
As the summer of 2023 draws to a close, and Mediterranean oaks are looking gloomy, losing much of their foliage, and sometimes dying where the soil is shallow, when even cypresses, Aleppo pines and umbrella pines are not looking their best, there are plants, introduced here from even sunnier, drier and more deprived regions, that don’t seem to mind the conditions, and remain decorative.
En cette fin d’été 2023, à l’heure où les chênes méditerranéens font grise mine en perdant une grande partie de leur feuillage, et parfois mourant lorsque le sol est superficiel, où même, les cyprès, les pins d’Alep ou parasol n’ont pas fière allure, il est des végétaux introduits depuis des régions encore plus ensoleillées, plus sèches, plus déshéritées qui ne semblent pas incommodés et restent décoratifs.
Let me start with Pistacia atlantica DC, the Atlas pistachio tree.
J’évoquerai d’abord Pistacia atlantica DC., le pistachier de l’Atlas.
Origin and description of the plant
All members of the genus Pistacia are dioecious and belong to the Anacardiaceae family. The natural range of the species P. atlantica extends from the arid zone of Pakistan to the eastern Mediterranean, north-west Morocco and as far as the Anti-Atlas, where it is known as ‘bétoum’. It is also thought to have been present in the Hoggar Mountains (a range in southern Algeria, in the heart of the Sahara, rising to an altitude of 2,918m). It survives in North Africa at the edge of the desert, where it makes do with 150 mm of rainfall a year, as illustrated by the photos in the website ‘Flore du Maroc’ (see ref. below), which show some fine specimens on skeletal soil, in extremely dry conditions.
Origine et description de la plante
Tous les membres du genre Pistacia sont dioïques et font partie des Anacardiaceae. L’aire naturelle de répartition de l’espèce P. atlantica s’étend en zone aride du Pakistan, dans les pays de Méditerranée orientale, au nord-ouest du Maroc jusque dans l’Anti-Atlas où il est appelé « bétoum ». Il aurait été également présent au Hoggar (Massif montagneux qui s’élève à 2 918 m d’altitude dans le Sud de l’Algérie, au cœur du Sahara). Il subsiste en Afrique du Nord aux limites du désert où il se contente de 150 mm de pluie par an, comme l’illustre en photos la référence « Flora du Maroc » qui permet de voir de beaux exemplaires sur sol squelettique et situation extrêmement sèche.
P. atlantica also grows on the largest of the Canary Islands in dry conditions, known as thermo-sclerophyllous, where temperatures are fairly high and annual rainfall of less than 500mm is accompanied by a dry period of six months or more. In the Canaries, together with Tanacetum ferulaceum or Hypericum canariense, for example, it forms a plant community located in a stratum of vegetation at an altitude of between 50m and 500m (so higher up than the euphorbia bushes that form the so-called ‘base’ stratum), which has been extremely reduced as a result of agriculture and urbanisation and now only persists in the west of Gran Canaria. Our Pistacia atlantica has been replaced under the same conditions by P. lentiscus in the north-east of Gran Canaria.
Il existe également sur les plus vastes des îles Canaries en situation sèche dite thermosclérophylle car les températures y sont assez élevées, la pluviométrie annuelle inférieure à 500mm s’accompagne d’une période sèche de six mois ou plus. Aux Canaries il forme avec par exemple Tanacetum ferulaceum ou Hypericum canariense , une communauté végétale située au niveau d’une strate de végétaux entre 50 m et 500 m d’altitude (donc plus en altitude que les buissons d’euphorbes, qui forment l’étage dit de « base »), qui a été extrêmement réduite du fait de l’agriculture et de l’urbanisation et ne persiste plus qu’à l’Ouest de Gran Canaria. Notre P. atlantica est remplacé dans les mêmes conditions par P. lentiscus au Nord-Est de Gran Canaria.
With age, P. atlantica can reach heights of over 10m (in Morocco, 20m for several hundred-year-old trees). This small tree with a short trunk has a regular, rounded crown supported by a dense branching system. The composite leaves are imparipinnate (often 5 to 11 leaflets), dark green and lanceolate, sometimes bearing red galls. The flowers, grouped in elongated panicles, are yellowish for the male flowers and reddish for the female flowers. The red, spherical fruits are around 6mm in diameter.
Avec l’âge P. atlantica peut dépasser les 10 m de haut (20 m au Maroc pour des sujets pluri-centenaires). Ce petit arbre au tronc court a une couronne arrondie, régulière, soutenue par une ramification dense. Les feuilles composées sont imparipennées (souvent 5 à 11 folioles), vertes foncées et lancéolées, parfois munies de galles rouges. Les fleurs groupées en panicules allongées, sont jaunâtres pour les fleurs mâles et rougeâtres pour les fleurs femelles. Les fruits rouges et sphériques font environ 6 mm de diamètre.
Introduction and cultivation on the Roussillon plain, 7 km from the sea, in mediocre, acidic, clay soil
I decided to grow this tree on the advice of a rare, true Occitan nurseryman, he was even a Catalan! The instructions were simple: “Plant it in autumn and let it fend for itself”, he advised. This seemed so incredible for our region, where so few plants can grow without watering, that after planting it in around 1996-1998, on a slight mound, I admit I disobeyed him and gave it a few waterings the first summer. Then, other things distracted me from the plant, and it really did take care of itself. It grew at its own pace, which was either slow or, in the years when there was more rain, average, which must explain why it is so rarely used in gardens.
Introduction et culture dans la plaine du Roussillon à 7km de la mer sur sol médiocre, acide et argileux
J’ai introduit ce petit arbre sur les conseils d’un rare vrai pépiniériste d’Occitanie, qui était même catalan ! Les consignes étaient simples :« Plante-le en automne et laisse-le se débrouiller », m’avait-il conseillé. Cela semblait si incroyable pour notre région où si peu de plantes peuvent pousser sans arrosage, qu’après l’avoir planté vers 1996-1998 sur une légère butte, j’avoue avoir désobéi et lui avoir octroyé quelques arrosages le premier été. Puis d’autres occupations m’ayant distrait de cette plante, elle se débrouilla vraiment seule. Elle poussa à son rythme qui est au pire une croissance lente et au mieux une croissance moyenne si la pluviométrie est plus élevée, ceci expliquant certainement sa rareté dans les jardins.
After a dozen years, I obtained a small, squat tree, 4m high, with very green leaves and numerous structural branches. The tree was female, and despite its isolated situation, formed a small number of fruits, some of which spontaneously gave rise to a few seedlings in the vicinity of the mother plant. The removal of 2 or 3 of the main branches resulted in a tree, 25 years after planting, with a grey, wrinkled bark, a solid root system, a short trunk (60 cm high) and a rounded crown over 5 m high. In Roussillon, the leaves are deciduous at the end of autumn and fall without colouring, even in those winters when temperatures have not dropped below freezing point. The fallen leaves and fruit form a small litter that breaks down into humus. The heavy autumn rains, when sometimes 250mm of water fell in a single day, didn’t worry the tree at all. In winter, if the climate is very mild, as in Blanes in Spain, Pistacia atlantica can be evergreen. During the particularly arid summer of 2023, the tree kept its good looks, and all its leaves were in good condition.
Au bout d’une douzaine d’années j’obtins un petit arbre trapu de 4 m de haut, aux feuilles bien vertes et aux nombreuses branches charpentières, de sexe femelle, qui malgré son caractère isolé formait un petit nombre de fruits dont certains donnaient spontanément quelques plants aux alentours de la plante-mère. L’élimination de 2 ou 3 de ses branches permit d’aboutir 25 ans après plantation à un arbre à écorce grise et ridée, au système racinaire solide, au tronc court (60 cm de hauteur), à la couronne arrondie de plus de 5 m de hauteur totale. Dans les conditions de culture du Roussillon les feuilles sont caduques en fin d’automne et tombent sans se colorer et ceci même les hivers où les températures sont restées constamment légèrement positives. Les feuilles et les fruits tombés, forment une petite litière se transformant en humus. Les grosses pluies d’automne lorsque parfois 250 mm d’eau tombaient en une journée d’octobre, ne le dérangeaient pas du tout. En hiver, si le climat est très doux, comme à Blanes (Espagne), des feuilles peuvent persister. Malgré l’été 2023, particulièrement aride, l’arbre a toujours gardé un bel aspect et toutes ses feuilles en bon état.
The following photographs illustrate my comments:
Les photos suivantes illustrent mon propos :
Uses
The dark wood is used for small-scale cabinetmaking, the resin is said to have analgesic properties and an infusion of the fruit has anti-diarrhoeal properties. In Morocco, the fruit is eaten, or pressed to obtain oil. The species is planted as a green barrier against the encroaching Sahara.
Utilisation
Son bois sombre est utilisé pour de petits travaux d’ébénisterie, la résine aurait des propriétés analgésiques, les infusions de ses fruits des propriétés antidiarrhéiques. Au Maroc les fruits sont consommés ou pressés pour obtenir de l’huile et cette espèce y est plantée comme barrière verte contre l’avancée du Sahara.
But the main current use of Pistacia atlantica seedlings is as rootstock for Pistacia vera, the true pistachio tree, a fruit tree found in arid and limestone areas, originally from Central Asia, but now widely cultivated (around the Mediterranean, in the USA and even in Australia). This combination of P. vera grafted onto P. atlantica is used for orchards in the garrigue, because although P. vera needs sun, it can withstand cold, drought and alkaline soils. The Geoparc Jbel Bani website dedicates an article to P. atlantica, entitled “Bétoum: le pistachier de l’Atlas à toute épreuve”, in which the uses of the plant are detailed.
Mais l’utilisation principale actuelle des jeunes plants de P. atlantica est de servir de porte-greffe à Pistacia vera L., le pistachier vrai, arbre fruitier des zones arides etcalcaires, originaire d’Asie centrale, mais largement dispersé au-delà par la culture (autour de la Méditerranée, puis aux U.S.A. et même en Australie). Cette association P. vera greffé sur P. atlantica, pourrait être utilisée en zone de garrigue pour créer des vergers car P. vera, s’il a besoin de soleil, ne craint ni le froid, ni la sécheresse, ni les sols calcaires. Le site internet du Géoparc Jbel Bani consacre un article à notre P. atlantica, intitulé « Bétoum : le pistachier de l’Atlas à toute épreuve » dans lequel les utilisations de la plante sont détaillées.
In conclusion, this is a tree with many adaptive qualities (fairly intense cold, alkalinity and above all drought) that could form a solid, green backbone in a dry garden, much more cheerful and original than a laurel or pine, but which, because of its inconspicuous flowers and slow growth, has not yet won its place in Mediterranean gardens.
En conclusion, c’est un arbre aux nombreuses qualités adaptatives (froid assez intense, calcaire et surtout sécheresse) qui pourrait constituer le solide et vert pivot d’un jardin sec, beaucoup plus gai et original qu’un laurier-sauce ou un pin mais qui, du fait d’une floraison discrète et d’une croissance lente, n’a pas encore conquis sa place dans les jardins méditerranéens.
Now that the Catalan source of seedlings has disappeared, only a few genuine Languedoc nurseries specialising in Mediterranean species will be able to supply you with young P. atlantica seedlings in tall plant pots which will ensure the longevity of your plant (the author will be happy to provide the reader-gardener with details of these sources).
La source catalane de plants ayant disparu, seuls de rares et vrais pépiniéristes du Languedoc spécialisés dans les espèces méditerranéennes pourront vous fournir de jeunes plants de P. atlantica en conteneur anti-chignon qui assurera la longévité de votre plantation (l’auteur reste à la disposition du lecteur-jardinier pour préciser ces sources).
Where can I see P. atlantica?
This tree is rarely cultivated in gardens, I know of very few in Roussillon. I don’t remember seeing it in Olivier Filippi’s display garden in Mèze, Hérault. On the other side of the Pyrénées, Barcelona’s botanical garden has a few examples, grown as bushes. The Jardí Botànic Mar i Murta in Blanes has a fine example halfway up the garden slope, it’s a small, semi-evergreen tree 5 to 6m high.
Où voir P. atlantica?
C’est une plante rare en culture, je n’en connais guère en Roussillon. Je ne me rappelle pas l’avoir vu dans le jardin d’exposition d’Olivier Filippi (pépiniériste et botaniste à Mèze, dans l’Hérault). Au-delà des Pyrénées, le jardin botanique de Barcelone en a quelques-uns, cultivés comme des buissons. Le Jardí Botànic Mar i Murta de Blanes comporte un bel exemplaire à mi-pente du jardin, qui se comporte comme un petit arbre de 5 à 6 m de haut semi-persistant.
In general, books on Mediterranean garden plants in French or English do not mention P. atlantica, or do so only very briefly, as in the case of Filippi’s book published in 2007.
De manière générale les livres sur les plantes pour jardin méditerranéens en français ou en langue anglaise n’évoquent pas ou très brièvement P. atlantica, c’est le cas de l’ouvrage de Filippi 2007.
Texte et photos : Pierre Bianchi
This article was published in the annual journal of the Botanical and Mycological Society of Northern Catalonia.
Cet article a été publié dans la revue annuelle de la Société botanique et Mycologique de Catalogne nord.
Bibliography
CABRERA PÉREZ M.A., 1999 – Flore autochtone des Iles Canaries. Collection Visitez. Éditions Everest S.A., Léon. 191p. ISBN84-241-3551-2. Traduction en Français par G.Bauer.
FILIPPI O., 2007 – Pour un jardin sans arrosage. Éditions Actes Sud. 207p. ISBN : 978-2-7427-6730-4.
SCHÖNFELDER P. & I., 2018 – Flora canaria, Guía de identificación. Éditeur Turquesa S.L. 319p. ISBN 978-84- 16785-5-5.
Webography
FLORE DU MAROC. Pistacia atlantica (ex Térébinthacées) Famille des Anacardiaceae. Accessed on 06/10/2023.
GEOPARC JBEL BANI. Bétoum. Le pistachier de l’Atlas à toute épreuve | Le géoparc du JbelBani – Tata. Accessed on 06/10/2023.
PÉPINIÈRE FILIPPI. Plantes pour jardin sec. Pistacia atlantica accessed on 07/10/2023 PEPINIERE QUISSAC. Pistacia atlantica accessed on 07/10/2023